L’exposition intitulée ČASOREZ de l’artiste et professeur Rudolf Rabatin retraçant sa vie d’auteur a été préparée au tournant des années 2024-2025 à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire par la galerie Tatranská à Poprad. Elle est conçue en liaison avec la présentation d’œuvres de Jozef Pilát et de Vladislav Leštach. Le néologisme ČASOREZ provient de l'expression linguistique d’une locution révélant le décroisement du temps – une métaphore onirique de la manipulation du temps par l'homme, exprimant une théorie utopique du voyage dans le temps, le retour aux temps du passé ou bien sa propulsion dans l’avenir.
Rudolf Rabatin (1954). Sa carrière artistique a débutée par des tentatives de saisir le paysage des Tatras, de l'architecture des villages des Tatras et celles de la région de Spiš ; et c’est ainsi qu’avaient commencé presque tous les artistes qui ont grandi sous les Tatras. Des compositions paysagères accompagnent sa peinture tout au long des décennies jusqu'à aujourd'hui.
Il découvre toujours plus souvent de nouveaux motifs et inspirations. Ne cherchant pas seulement à reproduire les formes de la nature, il suffit au peintre d’un vif coup de pinceau, d’une zone colorée, d’une forme organique ou géométrique pour arriver à exprimer l'essence de ses états d’âme et de ses secrets. Ainsi naissent des compositions non figuratives, qui sont tantôt une louange à l'amour et à l'amitié, tantôt une expression de tensions, d'anxiété et de préoccupations existentielles. La musique est présente dans ses peintures avec de plus en plus d'insistance. Il transpose les sensations mélodiques, harmoniques et ses émotions musicales dans de harmonieux et mélodieux rythmes de couleurs, avec des traits et des coups de pinceau. L'élément fondamental de la peinture de Rabatin est la couleur. Selon ses propres mots, l'échelle de couleurs inhabituellement expressives fait référence à l’inspiration de son premier professeur Jozef Olexa (1964-1968), dont la particularité était un emploi audacieux de couleurs vives et radieuses. Comme dans l'Orphisme, courant philosophique et artistique, les couleurs tentent d'évoquer des impressions musicales et la béatitude d'un monde surnaturel. Des coulées de couleurs ruissellent à la place des cascades des sommets familiers des Tatras, des pluies colorées tombent du ciel, des flammes colorées s'élèvent de la vallée du Dragon. Un nœud gordien coupé saigne - la solution au problème est vigoureuse, mais douloureuse. Et le tout renforcé par l’écriture picturale. Le travail du pinceau est tantôt réfléchi, copiant les contours et les volumes de la réalité représentée, tantôt passionné, correspondant à l'humeur et à l'état d'esprit du moment, accentué par une superposition presque en relief du matériau pictural, soit au pinceau, soit à l'aide d'un monotype. (Jitka Haaková)
Histoire de la Galerie Tatranská.
La Galerie Tatranská, qui depuis sa création (1960) souffrait du manque d'espaces adéquats d'exposition et de travail, a vu l’espoir, au début des années 90 du siècle dernier, de devenir une institution respectée pouvant organiser des expositions nécessitant un grand espace. L'événement "Le nord de l'Angleterre dans le nord de la Slovaquie" (1993), sous la direction de Lucia Benická, a été le premier événement multimédia international organisé dans les locaux industriels de la centrale électrique même avant sa reconstruction. Le directeur de la galerie de l'époque, Rudolf Rabatin (1989-1996), a lancé un appel à concours pour le meilleur projet de reconstruction et d'adaptation de l'ancienne centrale électrique de Poprad (1912) en une institution d'art moderne. Le projet gagnant, bien qu'avec plusieurs modifications, a finalement été mis en œuvre (2008-2009) et la directrice actuelle de la galerie, Anna Ondrušeková, en a le plus grand mérite.